Le fameux festival Fusion đź’ˇ

Nous quittons Berlin sur nos vĂ©los Ă©quipĂ©s d’une chaĂ®ne toute neuve. Nous installons notre bivouac près d’un lac oĂą l’on se baigne. Puis nous roulons 75km de plat jusqu’Ă  atteindre le lieu du cĂ©lèbre festival Fusion, pour y passer 2 jours. Petite dĂ©ception quand on se rend compte que le liquide qu’on a achetĂ© pour notre rĂ©chaud n’est pas vraiment de l’alcool Ă  brĂ»ler. On se rĂ©signe Ă  dĂ®ner un repas froid, avant de se prendre un gros orage qui ne fera mĂŞme pas taire le son des boum-boum au loin.

Puis c’est la dĂ©couverte du lieu. Le site du festival est un ancien aĂ©roport, devenu une sorte de terrain vague amĂ©nagĂ© sur plusieurs hectares. Et quel amĂ©nagement… Des scènes plus belles les unes que les autres, des installations originales, des dĂ©corations partout… Par exemple : la scène-masque, le renard gĂ©ant en bois, les dragons en mĂ©tal, la pieuvre lumineuse qui vole, les tĂ©lĂ©phones fixes aux messages rigolos ou poĂ©tiques… Sans oublier les jeux de lumières la nuit et les messages antifascistes qui ne sont pas pour nous dĂ©plaire. On peut passer des journĂ©es rien qu’Ă  explorer l’environnement.

Comme nous y sommes seulement 2 jours, on se concentre sur la musique. Car il y a aussi des spectacles d’arts vivants et des ateliers. Depuis que Tatiana cĂ´toie Julian, elle a dĂ©couvert qu’il y a une grande variation des musiques techno, dont on profite ici. Il y a aussi des concerts acoustiques et nous faisons quelques jolies dĂ©couvertes. A noter : la programmation est tenue secrète jusqu’au 1er jour du festival. Et ce dernier affiche toujours complet. 

Fusion est un espace hors du temps, accueillant des milliers de festivalier-es. Certain-es attendent cet Ă©vĂ©nement pendant toute l’annĂ©e, c’est leur moment de pause, de fĂŞte et de folie de l’annĂ©e. Ici comme dans de nombreux espaces festifs allemands, on respecte la vie privĂ©e : il est interdit de prendre des photos oĂą l’on peut reconnaĂ®tre les gens (sauf celleux qui le souhaitent bien sĂ»r). C’est intĂ©ressant de voir comment est traitĂ© ce sujet, bien diffĂ©remment de ce que Tatiana connaĂ®t en France avec le nombre croissant de camĂ©ras dans l’espace : voir l’encart ci-dessous.

Les caméras dans l’espace public

« Protéger les concitoyens », voici la raison officielle qui pousserait tous ses adeptes à développer la vidéosurveillance. Selon un rapport sur la vidéosurveillance rendu par des députés, la France compte 90 000 caméras de surveillance de la voie publique en 2023. En ajoutant celles présentes dans les commerces, banques ou parkings, recensée par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), on arrive à environ 935 000 caméras actives sur notre territoire… en 2012, autant dire que ça a dû bien augmenter depuis. En quoi cela pose question ?

Commençons prosaïquement : ces équipements ont un coût. Entre l’achat (10 à 20 000€), l’installation, la maintenance et l’exploitation du système, les caméras sur la voie publique coûtent une jolie somme au contribuable. L’État et parfois les régions incitent les communes à s’équiper via des aides financières. Celles-ci sont plus élevées si la mairie transmet les données à l’État… Un « marché de la peur » aux enjeux économiques importants (même TF1 le dit).

Parlons ensuite efficacité : elle est faible. Ces technologies ne permettent pas d’empĂŞcher la rĂ©alisation d’actes malveillants ou criminels. Nice, la ville la plus Ă©quipĂ©e de camĂ©ras de France n’a malheureusement pas Ă©chappĂ© au terrorisme. Au « mieux », la vidĂ©osurveillance dĂ©place les actes malveillants vers des zones plus lointaines. Oui, elle aide parfois Ă  retracer les itinĂ©raires des criminels, mais pas si souvent (lire l’article des DĂ©codeurs).

Regardons vers le futur, qui a dĂ©jĂ  commencé : la France a dĂ©cidĂ© d’autorisĂ© Ă  titre « expĂ©rimental » la surveillance assistĂ©e par intelligence artificielle pendant les Jeux olympiques de 2024 (jusqu’au printemps 2025 !). Des algorithmes, avec de forts risques de biais discriminatoires, dĂ©cident de quel acte ou quelle personne est suspecte. La France est le premier pays de l’UE Ă  mettre en place cette technologie, ouvrant la voie Ă  l’utilisation et Ă  la normalisation d’outils permettant une surveillance de masse. Sans oublier que la reconnaissance faciale n’est pas bien loin. Lire l’analyse d’Amnesty International Ă  ce sujet.

Et bêtement : est-ce qu’il n’y a pas des question de respect du droit à la vie privée dans tout ça ? De droit de liberté d’expression -comme le fait de manifester, que certains vont hésiter à user par peur d’être fichés ? Ah oui, mais il y a ceux qui ne voient toujours pas le problème car  » ils n’ont rien à cacher  » (encore Amnesty International, merci).

Est-ce qu’on ne protège pas mieux en créant du lien plutôt qu’en surveillant ?

Ressources en sus de celles citées plus haut :
– Reportage d’Arte qui a eu pas mal de succès : « tous surveillĂ©s, 7 milliards de suspects »
– Le travail de La Quadrature du net, qui promeut et dĂ©fend les libertĂ©s fondamentales dans l’environnement numĂ©rique

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